dimanche 25 décembre 2016

Nativité du Seigneur, Évangile : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur » (Lc 2, 1-14)

« Je vous annonce une grande joie : Aujourd’hui vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur ! Alléluia » (cf. Lc 2, 10-11).



Un enfant « normal »
« Aujourd’hui, vous est né un Sauveur ! », et l’enfant lui même en semble tout étonné. 
La vie dans la chair a ses contraintes celle de l’enfance et de l’innocence, de la non-science et de l’inconnaissance. 
Avec douceur et tendresse, le peintre a posé sur le visage du nouveau-né toute la naïveté de l’enfance ; le doigt dans la bouche, il est la fragilité même. Par sa nudité, il nous est représenté sans armes, ni atours. Il est la pauvreté, la simplicité même. Il s’est fait, complètement, l’un de nous. Le rose de sa peau s’impose à nous, oui le Verbe s’est fait chair. 
Sa mère le porte, mais dans l’ombre s’efface.
Le peintre nous laisse contempler une scène somme toute « normale », comme les nouvelles mamans aiment à présenter leur enfant nouveau-né.

Le don de Dieu
Pourtant deux indices sont là, pour nous amener à la transcendance et au don divin.

  • La couronne posée sur la tête de Marie. 
La servante du Seigneur devenue Mère de Dieu, est anoblie par son « fiat » à  l’ange, et engagée à la toute première place dans l’Histoire de l’humanité. Un filet d’or entoure sa chevelure, la protégeant et la sanctifiant pour l’éternité qu’elle a consentie à abriter neuf mois au-dedans d’elle.

  • L’auréole en mouvement entourant les 3/4 de l’enfant. 
Elle forme un disque se dissipant dans l’atmosphère, écho au soleil rond que contenait le ventre de la mère. Mais à ce moment, plus rien ne peut plus le contenir, il se dissout, il s’évapore pour laisser toute place à l’humanité du Christ. Ce petit enfant a tout à apprendre sur le genoux de sa mère, et en premier lieu à prier pour retrouver le chemin du Père. À tous, joyeux Noël !

Dans la froide, dans l’humble étable,
Qu’il est joli, l’Enfant Jésus !
Ô grâce, ô prodige, ô miracle,
Oui, c’est pour moi qu’Il est venu.

Contemplant la grande détresse
Des enfants qu’Il a trop aimés,
Le Père en sa sainte ivresse
Leur donne son Verbe adoré.

Ce doux Agneau, ce Tout-Petit,
C’est l’éternelle et vraie lumière,
Celui qui règne au sein du Père
Et vient nous dire tout de Lui.

Ô pure, ô douce vision !
C’est en mon âme que s’opère
Le grand, le sublime mystère,
La nouvelle incarnation !

Je ne vis plus, Il vit en moi.
Oh ! c’est déjà le face à face,
La vision que rien n’efface
À travers l’ombre de la foi.

Il vient révéler le mystère,
Livrer tous les secrets du Père,
Mener de clartés en clartés
Jusqu’au sein de la Trinité. […]
(Sainte Élisabeth de la Trinité, C’est pour moi qu’il est venu, Poésie P 75, Noël 1901, Œuvres complètes, Cerf 1996, p.996).

Sr Nathalie Le Gac, Carmel Saint-Joseph de Mechref (Liban) 25 décembre 2016.

samedi 24 décembre 2016

Nativité du Seigneur, Évangile : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur » (Lc 2, 1-14)

« Je vous annonce une grande joie : Aujourd’hui vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur ! Alléluia » (cf. Lc 2, 10-11).



Un enfant « normal »
« Aujourd’hui, vous est né un Sauveur ! », et l’enfant lui même en semble tout étonné. 
La vie dans la chair a ses contraintes celle de l’enfance et de l’innocence, de la non-science et de l’inconnaissance. 
Avec douceur et tendresse, le peintre a posé sur le visage du nouveau-né toute la naïveté de l’enfance ; le doigt dans la bouche, il est la fragilité même. Par sa nudité, il nous est représenté sans armes, ni atours. Il est la pauvreté, la simplicité même. Il s’est fait, complètement, l’un de nous. Le rose de sa peau s’impose à nous, oui le Verbe s’est fait chair. 
Sa mère le porte, mais dans l’ombre s’efface.
Le peintre nous laisse contempler une scène somme toute « normale », comme les nouvelles mamans aiment à présenter leur enfant nouveau-né.

Le don de Dieu
Pourtant deux indices sont là, pour nous amener à la transcendance et au don divin.

  • La couronne posée sur la tête de Marie. 
La servante du Seigneur devenue Mère de Dieu, est anoblie par son « fiat » à  l’ange, et engagée à la toute première place dans l’Histoire de l’humanité. Un filet d’or entoure sa chevelure, la protégeant et la sanctifiant pour l’éternité qu’elle a consentie à abriter neuf mois au-dedans d’elle.

  • L’auréole en mouvement entourant les 3/4 de l’enfant. 
Elle forme un disque se dissipant dans l’atmosphère, écho au soleil rond que contenait le ventre de la mère. Mais à ce moment, plus rien ne peut plus le contenir, il se dissout, il s’évapore pour laisser toute place à l’humanité du Christ. Ce petit enfant a tout à apprendre sur le genoux de sa mère, et en premier lieu à prier pour retrouver le chemin du Père. À tous, joyeux Noël !

Dans la froide, dans l’humble étable,
Qu’il est joli, l’Enfant Jésus !
Ô grâce, ô prodige, ô miracle,
Oui, c’est pour moi qu’Il est venu.

Contemplant la grande détresse
Des enfants qu’Il a trop aimés,
Le Père en sa sainte ivresse
Leur donne son Verbe adoré.

Ce doux Agneau, ce Tout-Petit,
C’est l’éternelle et vraie lumière,
Celui qui règne au sein du Père
Et vient nous dire tout de Lui.

Ô pure, ô douce vision !
C’est en mon âme que s’opère
Le grand, le sublime mystère,
La nouvelle incarnation !

Je ne vis plus, Il vit en moi.
Oh ! c’est déjà le face à face,
La vision que rien n’efface
À travers l’ombre de la foi.

Il vient révéler le mystère,
Livrer tous les secrets du Père,
Mener de clartés en clartés
Jusqu’au sein de la Trinité. […]
(Sainte Élisabeth de la Trinité, C’est pour moi qu’il est venu, Poésie P 75, Noël 1901, Œuvres complètes, Cerf 1996, p.996).

Sr Nathalie Le Gac, Carmel Saint-Joseph de Mechref (Liban) 25 décembre 2016.

4ème Dimanche de l’Avent, Évangile : Jésus naîtra de Marie, accordée en mariage à Joseph, fils de David (Mt 1, 18-24)

« Voici que la Vierge concevra : elle enfantera un fils, on l’appellera Emmanuel, "Dieu-avec-nous" » (Mt 1, 23).

Présence surnaturelle au-dedans
Dès le premier regard sur la toile, le surnaturel nous saisit : tout d’abord, cette boule de feu au creux des entrailles de la femme.

« Elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint » (v.18). Nous entrons donc avec la complicité du peintre dans la lumière de la virginité qui brille, et quittons les ténèbres de la suspicion, guidés par cette peinture narrative du merveilleux. 
Marie se tient toute droite, image de cette première station d’un long chemin où la grâce l’a saisie et remplie en plénitude. 
Dès l’annonce de l’ange, une nouvelle chaleur la prend et l’habite toute entière. Elle est la première disciple qui murmure dans un silence à ceux qui la regardent : « Mes entrailles n’étaient-elles pas brûlantes en moi tandis qu’il me parlait à Nazareth … » (d’après Lc 24,32). Ce feu est la trace de l’inaltérable présence de l’Emmanuel « Dieu avec nous » (v.23).

Envol
Le surnaturel, ensuite, dans la proximité de la femme amie des oiseaux et du ciel, se fait familier et accessible, et nous guide vers l’accomplissement de la Parole.

La femme est rendue à Dieu, à sa patrie céleste, au paradis des oiseaux. Oui, le Royaume de Dieu est comparable à Marie, la plus petite des graines, devenue un arbre immense dont les frondaisons abritent les oiseaux du ciel qui viennent et y font leurs nids (d’après Mt 13,31-32). 
Ayant cheminé de l’obscurité de la terre jusqu’au bleu presque blanc du ciel, nous voici traversant le céleste. Nous écoutons les cinq oiseaux azurés nous chanter l’air du Souffle de l’Esprit. La femme, le visage doux, beau et paisible, les cheveux comme une paire d’ailes nous suggère que l’homme peut aussi s’élever, s’arracher à la terre et s’envoler.

Sur le mont du Carmel est une autre Marie,
Grande communiante, âme tout envahie,
Dans un recueillement, profond, mystérieux
Et la nuit et le jour se livrant à Dieu !
Je vois briller sur elle un rayon de lumière,
Étincelant reflet de la Face du Père,
Et comme à Nazareth, sous les mêmes clartés,
Vers la vierge s’incline toute la Trinité.
« Ô Gratia Plena, laisse-moi comme l’Ange
Te redire en ce jour la sublime louange.
N’es-tu pas envahie, Mère, par l’Infini ? …
Garde-moi dans ton âme, je suis ton tout-petit.
Il y a dans ton cœur tant de reconnaissance, 
Je l’ai dit au bon Dieu dans un profond silence
Lui demandant pour toi la grande invasion,
La descente des Trois, la consommation ! … »
(Sainte Élisabeth de la Trinité, En la Fête de la Sainte Trinité, Poésie P 79, 1902, Œuvres complètes, Cerf 1996, p.1003).

Sr Nathalie Le Gac, Carmel Saint-Joseph de Mechref (Liban) 18 décembre 2016.

dimanche 11 décembre 2016

3ème Dimanche de l'Avent, de Gaudete, Évangile : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » (Mt 11, 2-11)


« L’Esprit du Seigneur est sur moi : il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres » (cf. Is 61, 1).





Nudité
Happé et accaparé par le soleil et les couleurs du tableau, le spectateur n’a sans doute pas perçu tout de suite la totale nudité de la femme, mais le fait est, qu’elle est entièrement nue devant nos yeux. Pieds nus, mains nues, bras nus, corps absolument nu exposant toute l’intimité de la femme (sexe et seins).
« Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? » (v.7).
Pourtant rien de provoquant ou d’indécent ne gène ou ne trouble nos yeux, car la femme semble habillée de pureté et d’amour, comme revêtue par sa lumière intérieure et la douceur des couleurs d’Arcabas. Son corps, pour nous, se fait message et porteur d’une  bonne nouvelle. Là voici création nouvelle qui a revêtue le Christ.

Pauvreté
La nudité de la femme nous renvoie peut-être, en premier lieu, à la nudité originelle, celle de la première femme à la Création : « Tous les deux, l’homme et sa femme, étaient nus, et ils n’en éprouvaient aucune honte l’un devant l’autre » (Gn 2,25).
Ses pieds nus, déchaussés, comme l’étaient ceux de Moïse devant le buisson ardent, nous invitent à regarder le buisson ardent brûlant à l’intérieur de son corps sans rien consumer, comme le signe de l’Absolue Présence, de Celui qui vient à nous et pour nous et qui porte avant sa naissance le nom de « Dieu sauve » et de « Dieu avec nous » (Mt 1,21.23).
La nudité de la femme nous renvoie aussi à l’amoureuse du Cantique des cantiques : « Tu es toute belle, ô mon amie ! Nulle tache en toi ! » (Ct 4,7). On sait que l’épouse d’Arcabas est l’inspiratrice du peintre. La source de création est donc très humaine et charnelle, ce qui explique cette familiarité par rapport au corps. 
Par conséquence, la nudité nous renvoie aussi au mystère de l’Incarnation, à ce Verbe fait chair. Arcabas nous expose cette chair habitée et transfigurée, habillée d’une nouvelle robe de grâce, par son travail pictural de la lumière (d’or et de blanc).
Enfin, la nudité de la femme nous parle de la nudité même de Jésus (à sa naissance et à la croix). C’est pour cela que Jésus parle de lui comme « le plus petit dans le royaume des Cieux » (v.11). Elle est comme lui, configurée par grâce en son Fils, la pauvre parmi «  les pauvres [qui] reçoivent la Bonne Nouvelle » (v.5).

Attente
En méditant avec cette toile d’Arcabas, nous comprenons mieux l’attente de la femme qui par son « fiat » répond pour tous les temps aux chercheurs de Dieu. « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » (v.3).
Elle est aussi une parfaite illustration de la prophétie d’Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi : il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres » (Is 61, 1).

Ne vois-tu pas la nuée lumineuse
Qui jusqu’à nous projette sa clarté ?
Ah, restons là toutes silencieuses,
Fixant l’Immuable Beauté !
De notre Christ le regard clarifie
En imprimant la pureté de Dieu.
Sœur, demeurons, pour qu’Il nous déifie,
l’âme en son âme et les yeux dans les yeux.

Il vient Lui-même au-devant de ses vierges
Pour leur donner l’ineffable baiser.
Il plane ici, son ombre nous protège
Regardons-Le pour nous virginiser.
Il est si beau, le Christ, Splendeur du Père,
Illuminé par la Divinité,
Il est Lui-même un foyer de lumière
Enveloppant les siens en sa clarté !
(Sainte Élisabeth de la Trinité, Le cœur blessé par l’Infini, Poésie P 85, 1902, Œuvres complètes, Cerf 1996, p.1012).

Sr Nathalie Le Gac, Carmel Saint-Joseph de Mechref (Liban) 11 décembre 2016.

dimanche 4 décembre 2016

2ème Dimanche de l’Avent, Évangile : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche »

« Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers : tout être vivant verra le salut de Dieu » (Lc 3, 4.6).



Du sol à la moitié du tableau, la toile est obscure. Derrière la femme, comme un siège dont elle se serait subitement levée, la lettre alpha noire et opaque concentre la nuit. Le sexe de la femme dessine un triangle noir, et ses deux mains sombres (en contre-jour) rappellent l’ombre qui l’a couverte entièrement au temps de l’Annonciation. Le temps est à l’obscur et au caché.
Nuit de la Création ou nuit de Noël : nous sommes à un Commencement, prêts à entrer dans une nouvelle Histoire. Tant d’événements fondateurs de la Bible se sont ainsi déroulés de nuit. Il y eut un soir, il y eut un matin : le premier jour était donc une première nuit. C’est dans la nuit que Jésus est né, c’est dans une autre nuit qu’il est ressuscité du noir tombeau. Son ami Nicodème, frère de tous les quêteurs de splendeur et de vérité, avançait de nuit vers lui, comme on marche vers la lumière qui brille dans les ténèbres (et que les ténèbres ne peuvent arrêter).

Au centre du tableau, qui est aussi le centre de gravité de cette nouvelle Ève, brûle sans se consumer un nouveau buisson ardent, révélateur de la nouvelle Présence. Le spectateur pris dans l’irradiante lumière d’or et de feu, ne craint plus l’obscurité de la terre, il passe en ce soleil, de la nuit à la lumière, de la peur à la confiance, de la tristesse à la paix, du péché au salut. 

Et déjà, Dieu fait « surgir des enfants à Abraham » (v.9), engendrés en un seul regard vers un Soleil qui brûle dans un ventre, …  Oui ! soudain tout change.

« Convertissez-vous […] préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers » tonnait Jean-Baptiste à tous ceux qui venait à lui pour recevoir le baptême d’eau (v.2-3). Mais comme il est facile pour le spectateur de la toile d’Arcabas, de se tourner vers Marie porteuse de la Vie et de la Lumière du monde. 
« Celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu » (v.11). Notre baptême dans le feu d’amour commence aujourd’hui.

Ta mission sur cette terre
C'est de ne plus savoir qu'aimer,
C'est pénétrer tout le mystère
Qu'Il est venu te révéler.
Jésus, Splendeur du Père,
En toi s'est incarné.
Avec la Vierge Mère
Étreins ton [Bien-Aimé,
Il est à toi.]

Il est l’Époux, et sa voix me convie :
Son premier mot pour moi fut un « veni ».
L'astre brillant de son Épiphanie
À l'horizon se lève et resplendit.
Ô mon Seigneur, donne à mon âme
Donne-lui l'amour et la foi.
Esprit Saint, augmente ma flamme
Pour m'unir à mon divin Roi.
Jésus, Splendeur du Père
Jésus, regarde-moi,
C'est en toi que j'espère,
Et pour aller à toi
Prépare-moi.

(Sainte Élisabeth de la Trinité, J'ai vu briller l'étoile lumineuse, Poésie P 86, Noël 1902, Œuvres complètes, Cerf 1996, p.1014).

Sr Nathalie Le Gac, Carmel Saint-Joseph de Mechref (Liban) 4 décembre 2016.

samedi 26 novembre 2016

1er Dimanche de l’Avent, Évangile : Veillez pour être prêts

« Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut » (Ps 84, 8).

Droite comme un i, occupant toute la hauteur de la toile, la femme nous regarde sans nous regarder, absente et présente tout à la fois, prise entre sa réalité charnelle du dehors et sa nouvelle vie du dedans. Elle semble s’effacer et respirer au rythme du nouveau cœur de lumière qui bat en ses entrailles.
« Ainsi en sera-t-il lors de la venue du Fils de l’homme » (v.39). La voici entièrement plongée dans l’inconnaissable de ce jour et de cette heure que ni les anges, ni le Fils, ni personne ne connaît, sinon le Père et lui seul (v.36). Elle se laisse envahir par cette nouvelle vie qui l’a saisie sans la surprendre.
Seule la douceur de ses mains protégeant son ventre rond et lumineux, la sérénité de son regard bleu, et la pause de sa course suspendue nous parlent de sa promptitude à accueillir en elle le surnaturel. Toute son attitude nous dit sa veille, son attente, sa prière. Elle a été prise, entièrement saisie : corps, cœur et âme par Celui qu’elle espère. 
« Deux femmes seront au moulin en train de moudre : l’une sera prise, l’autre laissée. Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient. Comprenez-le bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra » (v.41-44).

Ô pure, ô douce vision !
C’est en mon âme que s’opère
Le grand, le sublime mystère,
La nouvelle incarnation !

Je ne vis plus, Il vit en moi.
Oh ! c’est déjà le face à face,
La vision que rien n’efface
À travers l’ombre de la foi.

Il vient révéler le mystère,
Livrer tous les secrets du Père,
Mener de clartés en clartés
Jusqu’au sein de la Trinité.

(Sainte Élisabeth de la Trinité, C’est pour moi qu’il est venu, Poésie P 75, Noël 1901, Œuvres complètes, Cerf 1996, p.996).

Introduction au parcours de l’Avent 2016

Arcabas, Le soleil dans le ventre, 1984.


On ne présente plus le peintre Arcabas (de son vrai nom Jean-Marie Pirot, né le 26 décembre 1926), car ses méditations picturales de l’évangile inspirées de son quotidien sont devenus familières aux paroissiens et aux visiteurs des musées d’art sacré.
Son dessin simple et figuratif aux couleurs vives rehaussées d’or savent capter le surgissement du divin dans la tendresse de nos jours.
C’est grâce à la demande de trois paroissiennes de Mâcon qui m’interrogeaient sur un de ses tableaux commenté pour l’Avent 2008 que je me suis remise, une nouvelle fois, à ce jeu de l’interprétation croisée (art, bible et écrits du Carmel) pour creuser ce mystère inépuisable de l’Incarnation, celui d’un Dieu infini qui s’est fait tout petit pour révéler au cœur de l’homme son amour immense pour toute sa création.

Titre : « Le soleil dans le ventre »
Peinture d’Arcabas
Technique : Huile sur Arches 600g
Dimensions : 112 x 56 cm
Date : 1984 
Collection particulière (Collection personnelle d'Arcabas)
La femme est debout, droite et silencieuse, les yeux grands ouverts dans une attente éveillée. Les pieds ancrés au sol noir, le visage bleu noyé au ciel. Sa silhouette entièrement nue se découpe et se fond dans le dégradé de la nuit vers la lumière. Elle traverse de bas en haut l’espace de la terre au ciel. 
Phare immobile, elle retient en ses mains un halo de lumière d’or que son ventre a peine à contenir, annonciateur d’un nouveau Soleil…

N’entends-tu pas déjà le grand silence,
L’hymne d’amour qui se chante là-haut ?
Sœur, oublions l’exil et la souffrance
Et que nos cœurs saluent ce jour si beau !
Ne vois-tu pas la splendeur éternelle,
La Trinité qui se penche sur nous ?
Le Ciel s’entrouvre : écoute… on nous appelle… 
Recueillons-nous, ma Sœur, voici l’Époux !…
(Sainte Élisabeth de la Trinité, Le cœur blessé par l’Infini, Poésie P 85, 1902, Œuvres complètes, Cerf 1996, p.1012).

Sr Nathalie Le Gac, Carmel Saint-Joseph de Mechref (Liban) 27 novembre 2016.