dimanche 11 décembre 2016

3ème Dimanche de l'Avent, de Gaudete, Évangile : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » (Mt 11, 2-11)


« L’Esprit du Seigneur est sur moi : il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres » (cf. Is 61, 1).





Nudité
Happé et accaparé par le soleil et les couleurs du tableau, le spectateur n’a sans doute pas perçu tout de suite la totale nudité de la femme, mais le fait est, qu’elle est entièrement nue devant nos yeux. Pieds nus, mains nues, bras nus, corps absolument nu exposant toute l’intimité de la femme (sexe et seins).
« Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? » (v.7).
Pourtant rien de provoquant ou d’indécent ne gène ou ne trouble nos yeux, car la femme semble habillée de pureté et d’amour, comme revêtue par sa lumière intérieure et la douceur des couleurs d’Arcabas. Son corps, pour nous, se fait message et porteur d’une  bonne nouvelle. Là voici création nouvelle qui a revêtue le Christ.

Pauvreté
La nudité de la femme nous renvoie peut-être, en premier lieu, à la nudité originelle, celle de la première femme à la Création : « Tous les deux, l’homme et sa femme, étaient nus, et ils n’en éprouvaient aucune honte l’un devant l’autre » (Gn 2,25).
Ses pieds nus, déchaussés, comme l’étaient ceux de Moïse devant le buisson ardent, nous invitent à regarder le buisson ardent brûlant à l’intérieur de son corps sans rien consumer, comme le signe de l’Absolue Présence, de Celui qui vient à nous et pour nous et qui porte avant sa naissance le nom de « Dieu sauve » et de « Dieu avec nous » (Mt 1,21.23).
La nudité de la femme nous renvoie aussi à l’amoureuse du Cantique des cantiques : « Tu es toute belle, ô mon amie ! Nulle tache en toi ! » (Ct 4,7). On sait que l’épouse d’Arcabas est l’inspiratrice du peintre. La source de création est donc très humaine et charnelle, ce qui explique cette familiarité par rapport au corps. 
Par conséquence, la nudité nous renvoie aussi au mystère de l’Incarnation, à ce Verbe fait chair. Arcabas nous expose cette chair habitée et transfigurée, habillée d’une nouvelle robe de grâce, par son travail pictural de la lumière (d’or et de blanc).
Enfin, la nudité de la femme nous parle de la nudité même de Jésus (à sa naissance et à la croix). C’est pour cela que Jésus parle de lui comme « le plus petit dans le royaume des Cieux » (v.11). Elle est comme lui, configurée par grâce en son Fils, la pauvre parmi «  les pauvres [qui] reçoivent la Bonne Nouvelle » (v.5).

Attente
En méditant avec cette toile d’Arcabas, nous comprenons mieux l’attente de la femme qui par son « fiat » répond pour tous les temps aux chercheurs de Dieu. « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » (v.3).
Elle est aussi une parfaite illustration de la prophétie d’Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi : il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres » (Is 61, 1).

Ne vois-tu pas la nuée lumineuse
Qui jusqu’à nous projette sa clarté ?
Ah, restons là toutes silencieuses,
Fixant l’Immuable Beauté !
De notre Christ le regard clarifie
En imprimant la pureté de Dieu.
Sœur, demeurons, pour qu’Il nous déifie,
l’âme en son âme et les yeux dans les yeux.

Il vient Lui-même au-devant de ses vierges
Pour leur donner l’ineffable baiser.
Il plane ici, son ombre nous protège
Regardons-Le pour nous virginiser.
Il est si beau, le Christ, Splendeur du Père,
Illuminé par la Divinité,
Il est Lui-même un foyer de lumière
Enveloppant les siens en sa clarté !
(Sainte Élisabeth de la Trinité, Le cœur blessé par l’Infini, Poésie P 85, 1902, Œuvres complètes, Cerf 1996, p.1012).

Sr Nathalie Le Gac, Carmel Saint-Joseph de Mechref (Liban) 11 décembre 2016.

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